Le mercredi et le jeudi nous avons assisté à deux cérémonies amérindiennes.
La première s’appelle la cérémonie de la pipe sacrée. Moi et les participants sommes dirigés chez une aînée, June Black.
Je suis choisie pour lui donner du tabac et les six tissus (dans les mêmes couleurs que pour la cérémonie d’inauguration, jaune, rouge, bleu, vert, lavande et blanc).
Dès notre arrivée dans la cour arrière de June, je la vois assise par terre sur une couverture, et près d’elle sa petite-fille. Devant elle sur cette couverture, il y a différents objets : le crâne d’un animal, deux assiètes couvertes avec un plastique, une tasse d’eau, deux ailes d’aigle, une chandelle allumée dans une assiette ayant comme motif trois tortues connectées et la pipe sacrée.
Honnêtement, j’ai été un peu choquée parce qu’étant d’origine congolaise, j’ai eu l’impression d’être devant un marabou ou une sorcière; mais je dois admettre que mon coeur et mon esprit étaient calmes. Je n’étais pas mal à l’aise, mon âme était tranquille.
Je fais signe aux autres de venir et nous nous plaçons tous sur le périmètre de la couverture.
Elle nous explique la signification de chaque objet sur la couverture. Chaque chose présentée devant nous sont des cadeaux qui lui ont été offerts. Le crane représente son nom spirituel, Buffalo Woman.
Elle nous explique aussi la responsabilité d’un gardien ou porteur de la pipe sacrée et sa signification. La pipe est une forme de connection entre nous et le Créateur. La fumée est notre voix et communique nos pensées, nos sentiments et notre état d’âme. Un porteur de la pipe est simplement un messager ou un médiateur, sa responsabilité étant de faire les rituels nécéssaires et de partager les enseignements aux gens.
Après avoir passer la pipe, elle nous dit qu’elle va faire passer une aile d’aigle et que nous allons partager ce qu’il y a dans notre coeur. Personne n’a le droit de parler sauf la personne qui est en possession de l’aile de l’aigle.
C’était très émouvant parce que j’ai appris des choses des autres participants et j’ai ouvert mon coeur à eux. J’ai gardé mon esprit ouvert et j’ai invité tous le monde à connaître ce qu’il y a dans mon coeur.
Le prochain jour, nous sommes invités chez Liz pour assister à une hutte de sudation (sweat lodge) et à la cérémonie de la pleine lune. Encore, je ne sais à quoi m’attendre, et je garde l’esprit ouvert parce que jusqu’à présent, je suis toujours à l’aise. L’enthousiasme du groupe m’encourage de continuer à participer.
Quand nous arrivons, nous sommes présentés à Liz, une autre aînée respectée dans la communauté.
Liz a une attitude un peu intimidante, son allure est d’une élégance mystérieuse. Elle semble être très indifférente parce qu’elle ne nous regarde pas directement dans les yeux. J’ai presque eu l’impression qu’on doit s’accroupir devant elle.
Chez elle, il avait d’autres personnes qui allait assister à la cérémonie. Aesté, une jeune fille du Mexique, me demande de l’aider à préparer la hutte. Je n’hésite pas à dire oui; pour être franche, j’étais curieuse et je voulais prendre cette occasion de parler en espagnol avec elle.
Avant d’entrer dans le cercle où la cérémonie est prévue, elle me purifie avec la fumée de sauge. Elle me dit qu’on peut seulement marcher autour de l’aire d’une seule direction, afin qu’on puisse accéder à la hutte dans le bon sens.
Quand nous entrons dans la hutte, nous n’avons pas le droit d’être sur nos pieds. Elle me dit que nous devons placer le cèdre au périmètre de la hutte pour créer le chemin pour les esprits.
Quand nous terminons les préparatifs, Cheryl, Liz et moi causons de la vie, rien de sérieux.
Après un bon bout de temps, un autre aîné vient s’asseoir derrière moi et Vincent sur un tronc d’arbre. Il nous salue et nous informe que son nom est Langford. Il vit à Kenora. Vincent lui demande comment était sa première expérience.
Il nous dit que chaque expérience est différente pour chaque individu. Ce que je peux ressentir et ce que Vincent peut ressentir ne sera pas nécessairement les mêmes émotions ou sentiments.
Après cette conversation informative, 19h00 est arrivée, l’heure où doit débuter la cérémonie. J’ai raté une part des renseignements parce les mouches noires et les moustiques ont trouvé une admiration pour mon afro saturée d’huile de noix de coco. Je me suis précipitée pour me tresser deux nattes sur ma tête.
Quand je suis revenue dans le cercle, Liz avait déjà presque fini ses renseignements. Après qu’elle eu fini, elle a exigé que toutes les caméras arrêtent de filmer. Après une dizaine de minutes nous entrons un à un de la droite pour faire le tour de la hutte et ainsi trouver une place.
Depuis ces quelques jours que nous avons passés, j’ai noté deux notions importantes dans la culture amérindienne. La première c’est l’importance des quatre directions: l’Est, le Sud, l’Ouest et le Nord dans cette ordre et la deuxième c’est l’importance des couleurs rouge, jaune, noir et blanc.
Lorsque c’était mon tour d’entrer dans la hutte, Aesté me dit que je représentais la « porte sud » de la hutte. J’ai vite conclu que nous allons faire quatre rondes et que je suis la deuxième porte.
Assise sur les couvertures que moi et ma nouvelle amie mexicaine avons insstallées, Liz a mis une couverture par dessus la hutte pour couvrir la porte. Les porteurs de pipes se sont mis à fumer leur tabac et la hutte s’est remplie de fumée, il y avait cinq porteurs de pipes: Liz, Langford, Aesté, Tanya (la femme du chef) et Lourdes (une autre femme mexicaine).
À vrai dire, je me sentais un peu étouffée. Quand Liz a fait signe au gardien du feu d’amener les grand pères, j’ai toujours mal compris le concept mais je prends note de cette petite confusion parce qu’il a fait entrer 7 roches.
J’étais contente parce que si je n’en pouvais plus, ce ne serait pas pas un grand problème de quitter la hutte après avoir fait la porte que je représente. Après tout, c’est une moitié de faite.
Lorsqu’on a fait la deuxième ronde, je me suis dite qu’il fallait sortir parce que j’ai prête à respirer de l’air frais.
À la fin de la deuxième ronde, Mariette, Laurent et moi sommes sortis pour attendre les autres et compléter la cérémonie. La nuit était complètement tombée et la lune était pleine.
Après avoir pris un verre d’eau, je discute avec Anne-Marie et Louise.
Anne-Marie nous a admis qu’en discutant avec Cheryl, elle lui a demandé où sont les grand pères parce qu’ils tardent et ils vont manquer la cérémonie. Nous nous sommes toutes mises à rire et je dois dire que j’avais un peu honte d’admettre ma confusion. Avant que les roches sont entrées, elles étaient des grand-mères mais dès que le veilleur du feu les sortait du feu, les roches sont des grand-pères.
Au fond, Laurent m’a expliqué toute cette histoire en disant que l’énergie du feu est masculine et les produits de la terre, comme les roches, sont des énergies féminines.
Après que la cérémonie fut finie, nous nous sommes tous rencontrés dans la cuisine pour manger le souper que les autres participants ont aidé à préparer.
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